
Plaidoyer pour un retour des valeurs fondamentales : Gage d’un développement absolu
La Côte d’Ivoire était un pays envié pour son pluralisme né de la diversité, de la tolérance et du respect des valeurs ethniques, culturelles et religieuses des composantes de sa société, son culte du dialogue et du pardon, la force de ses institutions, la qualité de ses dirigeants, sa stabilité politique, sa puissance économique et la qualité de la vie. « La Côte d'Ivoire, c'est la Côte d'Ivoire ; c'est un pays béni de Dieu ; c’est la 2ème patrie du Christ, etc., etc., etc. Il n'y aura jamais de coup d'Etat ni de guerre civile dans notre pays ; ».
L’assurance quasi-aveugle avec laquelle ces phrases étaient rabâchées par de hauts responsables politiques au sommet de l'Etat plusieurs années durant avant 1999, leur donnait quasiment une nature prophétique. Pour ces responsables, les raisons en étaient toutes trouvées. D’abord, aucune tribu n'est majoritaire dans ce pays. Ensuite, la paix était perçue à tort ou à raison comme la seconde religion des Ivoiriens. Dès lors, personne ne pouvait prendre le risque du désordre, sans faire peser des conséquences lourdes et incalculables sur elle-même, sa famille et ses proches, devant les Ivoiriens et devant l’Histoire.
Le drame, c'est qu'on avait fini par faire croire à un grand nombre d’Ivoiriens que la Côte d’Ivoire était un pays d’exception et que ce qui se passait ailleurs, ne pouvait se produire dans leur pays. Cette opinion, qui ne pouvait naturellement résister à aucune analyse sérieuse, ne reposait évidemment que sur de fausses certitudes, établies sans le moindre recul et avec, il faut le regretter, le confort de la paresse intellectuelle. Et comme il fallait s’y attendre, les faits ont eu raison de ces certitudes qui n’avaient d’ailleurs que trop durer.
La Côte d’Ivoire pays jadis envié, s’est retrouvée hélas, durant la longue période de crise qu’elle a traversée à partir du coup d’Etat de 1999 à 2010 en passant par la rébellion de 2002 qui s’évertue à livrer ses secrets, dans un environnement totalement déstabilisé et a pu apparaitre hélas, comme un pays sans direction, sans autorité et sans avenir. La promotion des antivaleurs ou des valeurs nocives et toxiques devient la règle, alors que la santé morale ou mentale de la société commanderait bien évidemment d'autres comportements, rien que pour l’exemple. Mais les crises n’expliquent pas tout !
En effet, certains pays non-africains comme la Corée du Sud, « comparable » au plan économique à la Côte d’Ivoire en 1960 et partis de peu, ont pu acquérir progressivement, lentement mais surement en moins d’un quart de siècle - une grande capacité de développement qui leur a permis de réaliser des progrès gigantesques dans tous les domaines au cours de ces cinquante dernières années. D’autres, comme le Japon et l’Allemagne, qui ont connu les affres de la guerre avec son cortège de destruction et de désintégration, ont réussi, presque dans le même lapse de temps, à reconstruire leurs pays et les placer aux premiers rangs des pays développés qui comptent.
Ces exemples devraient inspirer, encourager et rassurer les Ivoiriens, convaincus d’avoir hérité d’Houphouët-Boigny un pays aux fondations solides. Ils montrent bien que même des pays détruits, meurtris sur les plans économique, social et diplomatique, ont su se reconstruire non seulement avec des milliards, mais plutôt, en faisant appel aux ressorts intellectuel, mental, moral et psychologique de leurs peuples respectifs. Notre pays est sur cette voie difficile. Il faut persister !
Les nations prospères sont le fait de peuples ou de dirigeants prévoyants qui ont su investir à bon escient dans les hommes ; à la fois leur esprit (pour consacrer l'intelligence) et leur cœur (pour développer le réflexe éthique et le sentiment esthétique). C'est cette double acquisition du savoir et des valeurs morales qui donne droit à prétendre diriger les autres. Notre pays est sur cette voie difficile. Il faut persister !
Une nation forte se construit avec des idées fortes, des rêves audacieux, des objectifs clairs, nobles, précis et admis par tous. En plus de ces idées fortes, il faut veiller au respect de valeurs fortes, pérennes et nobles qui fondent le socle des nations dignes et respectées : l'amour du pays, la culture du travail, le refus de la facilité (douflé), la recherche du mérite, de la performance, l'honnêteté, le goût de l'effort, l'amour du savoir, le respect de l'Homme, la grandeur du cœur et de l'esprit.
Nous avons le devoir d’enseigner par l'exemple à nos enfants et à la jeunesse. Nous devons les convaincre que malgré les apparences, la réussite n'est pas le fruit du hasard, ni au bout des fusils, mais plutôt l'aboutissement mérité d'une vie de dur labeur, le résultat d'une quête patiente et honnête, la récompense juste et noble de l'effort et du travail bien fait ! Il faut qu’elle sache qu’aucune loi de la nature ne permet à un serviteur de l’Etat quel qu’il soit, de générer et de brasser toutes ces richesses observées çà et là, cette abondante aisance matérielle, qui ne peuvent que susciter et exacerber la convoitise, en réveillant les bas instincts grégaires, tout en détraquant de manière générale l’esprit du peuple, brouillant ainsi le chemin qui devrait la mener vers les choses essentielles de la vie !
Il y a des raisons d’espérer car aussi bien les dirigeants de notre pays que le peuple, en inscrivant les valeurs énoncées ci-dessus en bonne et due place dans la Constitution de 2016 et notamment dans son préambule, indiquent avoir tiré les leçons de l’histoire politique récente.