J A M A W U E

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Le rôle des informations dans une société.

On définit l’information, de manière générale, comme étant la matière dont on a besoin pour connaître et comprendre une chose ou une situation donnée. Elle a donc pour but d’éliminer ou de réduire l’ignorance et l’incertitude quand il faut se faire une opinion sur un sujet donné, sélectionner une chose parmi d’autres ou faire un choix pertinent. Pour se faire, il faut naturellement disposer d’informations vraies.

L’information vraie est une information juste, précise, authentique, documentée, aux sources connues, qui obéit au principe de traçabilité et vérification. Utilisée à bon escient, l’information vraie, naturellement source de savoir, peut devenir également source de pouvoir. Les porte-cannes des sociétés africaines parce qu’ils sont des « sachants », figurent parmi les personnes les plus influentes de leurs communautés.

De même, les échanges et autres débats d’idées sont généralement dominés par les personnes les mieux documentées et informées. Ces personnes finissent toujours par imposer leurs points de vue, car tout argument qui ne peut être contredit est généralement tenu pour vrai. Mais il faut la partager, car la lumière de la bougie n’éclaire que celui qui la tient

Malheureusement, depuis l’avènement des réseaux sociaux, il subsiste également en bonne et due place, aux côtés de l’information vraie, la « fake news » ou « infox », qui n’est autre qu’« une information fausse » produite par ignorance ou pire une information délibérément « biaisée ou mensongère », répandue à des fins nuisibles ou injustes, soit pour favoriser une personne au détriment d’une autre, soit pour entacher la réputation d’une personnalité ou d’une entreprise, soit encore pour contredire une vérité scientifiquement établie. »

La situation de l’information est même plus grave aujourd’hui. En effet, avec les « fake news », l’information est devenue libre et incontrôlée, souvent sans visage ni auteur, permettant toutes sortes de manipulations, avec les menaces de tous ordres que cette situation fait naître. C’est pourquoi, quand on connaît le manque d’informations chez les africains en général et chez les ivoiriens en particulier, la quête de l’information vraie est devenue aujourd’hui, un véritable défi.

Ce manque s’explique essentiellement par l’attachement culturel des personnes concernées à la tradition orale et à la faiblesse de supports modernes de documentation, ce qui présente naturellement des inconvénients majeurs. D’abord, toute expression orale non enregistrée aussi lumineuse soit-elle, se trouve toujours confinée à un public plus ou moins restreint. Ensuite, elle s’envole le plus souvent jusqu’à la perte totale de son auteur, de ses traces et de ses sources. Enfin, on peut même la contester jusqu’à nier son existence, puisqu’elle n’est inscrite sur aucun support et ne résiste à aucune preuve matérielle.

Par contre, une opinion écrite ou enregistrée bénéficie toujours d’un champ de diffusion plus large et plus varié. En outre, elle se prête à des lectures ou écoutes répétées sans limitation dans le temps et convient parfaitement aux analyses à froid et en profondeur.

Dans un système démocratique où l’élection confère un mandat et des pouvoirs considérables aux Elus, il importe que leurs actions fassent périodiquement l’objet de revue pour en rendre compte, afin d’éclairer aussi bien les électeurs que les populations. C’est pourquoi, l’établissement régulier de comptes rendus et la mise en place de processus d’information lisibles et accessibles à la majorité des citoyens, apparait capital pour renforcer la communication de tout responsable sur son action.

En outre, cette pratique, en rapprochant davantage les citoyens de leurs dirigeants, fera des premiers des citoyens mieux informés, plus responsables et moins enclin à se nourrir de suspicions - fussent-elles légitimes - envers leurs dirigeants, et des seconds, des autorités plus légitimes, soucieuses de rendre compte de leurs activités à leurs mandats conformément à l’esprit démocratique. C’est d’ailleurs l’esprit de la loi n° 2013-0867 du 23 décembre 2013 relative à l’accès à l’information d’intérêt public.

Sur ce point, il faut féliciter le Gouvernement du Président Alassane Ouattara pour les efforts faits en la matière depuis toujours, notamment à travers les communiqués de grande qualité qui sanctionnent les réunions du Conseil des ministres, ceux périodiques du porte-parole du gouvernement et les informations et autres statistiques publiées sur les sites internet de toutes les structures gouvernementales.

Malheureusement, très peu de cadres écoutent ou lisent ces communiqués pourtant abondamment diffusés dans la presse et sur les réseaux sociaux. Il ne suffit pas de le regretter, mais il faut plutôt en rechercher les causes ! Et si l’on se réfère à la définition de l’information donnée au début de ce texte, la réponse est toute trouvée. En effet, aussi bien le format que le style rendent ces communiqués naturellement austères et en limitent considérablement la portée. Il faut inventer une autre façon de rendre compte de l’activité et l’action gouvernementales.

C’est pour toutes ces raisons que l’Institut Jamawué, initialement un « Centre de Documentation » dont la mission première était essentiellement la collecte des documents publics officiels, sous forme physique ou numérique, a élargi le champ de son objet par le traitement organique et analytique des données contenues dans ces documents, pour en constituer des informations d’intérêt public.

Aujourd’hui, l’Institut a largement diversifié ses capacités en opérant une mutation vers ce qu’elle qualifie de « intelligence des données », qui permet de traiter et de synthétiser les données dans un premier temps, et de les lier à d’autres dans un deuxième temps, et enfin de les présenter non seulement sous une forme accessible à tous, mais aussi et surtout de manière à obtenir une réaction utile à la communauté, après lecture. C’est le principe de l’intelligence des données.

Ainsi, par exemple, il n’est pas suffisant de dire que la Côte d’Ivoire est plus riche que le Cameroun et le Burkina Faso. Il faut comparer leurs PIB respectifs avec des données et des graphiques (voir graphique ci-dessous) :

Par ailleurs, il ne suffit pas de dire que la Côte d’Ivoire est le premier producteur de cacao, d’anacarde et d’hévéa en Afrique de l’Ouest. Il faut comparer le prix d’achat dans ces différents pays (voir le graphique ci-dessous). En effet, la production de ces produits de rente a pour objet, non seulement la production de recettes pour le financement du Budget de l’Etat, mais aussi et surtout pour procurer des revenus aux planteurs.

Dans un prochain article, le fonctionnement du « Système Jamawue » de « l’Institut Jamawue » fera l’objet d’une présentation.

Abidjan le 05 mars 2024

Hon. Amangoua Lookensey

Président Directeur Général